Article l'Union du 13 Décembre 2007
Une cinquantaine de personnes s'était réunie dans la salle du foyer rural de Festieux, mardi soir, pour s'opposer à tout projet de fermeture de la bibliothèque associative. La colère monte.
LA
situation plus qu'inconfortable de la bibliothèque associative de
Festieux va-t-elle créer un précédent ? En clair, la mobilisation de
ses bénévoles va-t-elle faire boule de neige et donner envie à toutes
les autres structures du même type de se lancer dans une action de
résistance contre la bibliothèque départementale de prêts de l'Aisne
(BDP) qui ne cache pas son ambition de faire disparaître les petits
centres associatifs de lecture au profit d'établissements mieux dotés
et surtout mieux encadrés.
Mardi soir, dans la petite salle des fêtes du village, le ton est
rapidement monté lorsque fut évoqué le manque de compétence des
bénévoles gravitant autour de l'association :
« De quel droit nous accuse-t-on de bricolage ? (l'union du lundi
10 décembre). Comment peut-on ainsi s'en prendre à des personnes qui
n'ont jamais compté leur temps pour se rendre utiles, voire
indispensables aux yeux de plusieurs dizaines de familles dans le
village ?
C'est tout simplement écœurant ! », ont martelé les différents
protagonistes de cette lutte ouverte pour que le livre ait toujours le
droit de citer dans la bourgade.
A leur tête, le maire, Marc Buvry, rappelle que sa municipalité a
fait tout ce qu'elle pouvait pour que le local de lecture soit
accueillant.
Les signatures affluent
« Aujourd'hui, c'est un véritable lieu de vie et d'échanges qui
répond aux attentes d'une bonne partie des habitants », estime-t-il, «
comment expliquer à ces gens qu'ils devront bientôt parcourir plusieurs
kilomètres pour aller emprunter un livre ? ».
En outre, le maire comme les autres élus présents, s'étonnent du silence du conseil général dans cette affaire :
« Qu'y-a-t-il de plus noble que de vouloir faire la promotion de la lecture en milieu rural.
Je pense que le département de l'Aisne aurait tout intérêt à nous
soutenir dans nos actions plutôt que nous chercher des poux dans la
tête », ont-ils encore martelé.
Un sentiment de colère qui se cristallise actuellement autour d'une pétition circulant dans le village ainsi que sur Internet.
« Les signatures affluent », assure Roselyne Leturque, la présidente de l'association et ses pairs.
Et ce sentiment de colère ou de désappointement gagne même les plus
jeunes qui, durant la réunion, ont laissé libre cours à leur
imagination en réalisant quelques dessins sur le thème « ne touchez pas
à ma bibliothèque ».
« Nous devons nous battre »
Enfin, tous semblaient convaincus de la même chose mardi soir : les
menaces qui planent actuellement sur la bibliothèque de Festieux
risquent de faire tache d'huile :
« Il existe plusieurs structures associatives du même type dans
l'Aisne et, à terme, elles seront toutes amenées à rendre des comptes
comme nous sommes contraints de le faire aujourd 'hui. C'est donc tous
ensemble que nous devons nous battre ».
Un message qui a déjà gagné quelques bourgades voisines, à l'image
de Eppes, dont l'un des responsables du centre de lecture était venu
témoigner sa solidarité mardi soir.
En clair, le grand livre des réclamations est loin d'être refermé…
Nicolas Fostier
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Le coût du passage
Si les débats demeuraient tendus mardi soir dans la salle du foyer
rural de Festieux, cela n'a pas empêché les responsables du centre de
lecture associatif de donner dans l'humour en se livrant à une leçon
d'arithmétique, certes peu objective, mais suffisamment attendrissante
pour que l'on s'y intéresse. Leçon qui traitait du coût du passage du
bibliobus à Festieux.
« Le bibliobus part de Soissons pour nous approvisionner une fois
et demie par an. Il parcourt donc 43,8 km et pour peu qu'il ait un vent
contraire, l'ABS lourd et le diesel toujours à 1,15 euro, on peut
estimer qu'un aller revient à 11,09 euros, soit 22,18 euros
l'aller-retour […] Deux bibliothécaires accomplissent cette mission.
Estimons qu'ils consacrent deux heures au chargement et déchargement
des ouvrages, 1 h 30 au trajet et autant à la livraison en soi, on
obtient donc cinq heures de travail qu'il faut multiplier par deux,
rémunérés environ 25 euros/heure, soit 250 euros pour une livraison
d'ouvrages, ce qui nous amène à 272,18 euros pour un voyage (et 408,27
euros pour un voyage et demi).
Alors, au regard des horaires actuels d'ouverture de la
bibliothèque (70 heures d'ouverture par an), chaque permanence réclame
donc un investissement de 5,83 euros à la BDP, ce qui, visiblement, est
beaucoup trop… ».
La BDP appréciera.
N.F.
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Une bibliothèque départementale de prêts : c'est quoi ?
Créées progressivement à partir de 1945, les BDP sont au nombre de
96 depuis 1982 et sont maintenant présentes dans tous les départements
français.
Placées sous l'autorité des conseils généraux des départements
depuis 1986, elles ont pour mission de constituer et d'aider un réseau
de bibliothèques publiques dans les communes de moins de 10.000
habitants.
Dans les petites villes, elles sont gérées par des professionnels,
mais dans la majorité des villages, ce sont des bénévoles qui s'en
occupent.
Les BDP aident les bibliothèques des communes en dispensant
conseils et formation à leurs équipes et en leur prêtant des livres et
d'autres documents, en complément de leurs collections propres.
Le concept de BDP est typiquement français.
Seuls s'en rapprochent les Centres régionaux de services aux
bibliothèques publiques (CRSBP) au Québec et les Fachstellen en
Allemagne.
Dans la majorité des autres pays, les fonctions des BDP sont
assurées par le service régional des principales bibliothèques
municipales.
Bien que généralement considérées comme des bibliothèques
publiques, les BDP ne sont généralement pas directement ouvertes au
public.
Leurs bibliobus sont principalement utilisés pour déposer des
livres dans les bibliothèques de leur réseau et ne sont pas directement
ouverts au public ou aux enfants des écoles.
source : http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/81201/Bibliotheque_de_Festieux___la_resistance_s_organise#